Travail et Intelligence Artificielle

_ A quoi ressembleront les métiers du futur ?

 Faut-il en avoir peur ? Se réjouir ? Comment se former aux nouveaux outils ? Et si nous répondions aux idées reçues sur l’Intelligence Artificielle (IA) ?

Chatbot* master, data scientiste, conservateur de mémoire personnelle, bienvenue aux artisans du futur et aux collaborateurs augmentés ! D’après l’étude du cabinet Mckinsey[1], référence mondiale du conseil en stratégie, d’ici 2030, 60% des métiers seront concernés par l’automatisation. Dans les 50 prochaines années, les robots et les ordinateurs feront une grande partie du travail des humains d’aujourd’hui. L’intelligence artificielle (IA) impacte en profondeur le marché du travail, les compétences et les métiers.

Avant de rentrer dans le vif du sujet, Marvin Minsky, l’un des fondateurs de l’IA, nous rappelle le principe de ces nouvelles technologies arrivées il y a plus de 60 ans : « l’IA consiste à faire faire à une machine ce que l’homme fait moyennant une certaine intelligence ». En résumé, l’IA est le fruit d’un savant mélange entre informatique, mathématiques et sciences cognitives.

Idée reçue N°1 : L’IA ne concerne pas mon métier

Dans le secteur professionnel, les objectifs principaux de la technologie sont de soulager l’humain et de rendre le travail plus efficace. Les machines remplaceront les tâches pénibles, répétitives voire dangereuses en s’affranchissant des contraintes physiques que nous pouvons rencontrer, nous simples humains (faim, stress, fatigue …). .

Mais quels secteurs seront concernés ? Les collaborateurs doivent-ils craindre d’être remplacés par des machines ? Devons-nous nous préparer à ce qu’un scénario comme 2001, l’Odyssée de l’espacedevienne notre réalité ?

Si l’on s’appuie sur les études, notamment le rapport de World economic forum « The Future of Jobs Report 2018»[2], nous nous rendons compte que l’intelligence artificielle touchera l’ensemble des secteurs d’activité, des emplois peu qualifiés aux emplois cadres.

Que ce soit les transports (voir l’article en ligne Arrivée des véhicules autonomes : vers la fin de la voiture individuelle ? paru en décembre 2018)[3], le commerce en ligne, les relations avec la clientèle, sans oublier l’accès à l’information, les relations avec les services publics, la production industrielle, la construction… d’ici 2030, c’est presque 10 millions d’emplois qui seront concernés par l’avancée des nouvelles technologies. Et certains secteurs sont déjà en pleine mutation..

Les agriculteurs peuvent compter sur des drones agricoles et des outils de collecte de données. Les sociétés Parrot et Airinov ont présenté lors du salon de l’agriculture 2018 des dispositifs permettant de cartographier les champs, de suivre et d’optimiser le développement des plantations.

Dans le secteur du droit et de la finance, Rocket Lawyer propose aux avocats, juristes ou comptables de relire des contrats en l’espace de quelques secondes et de les comparer à une base de données de contrats déjà existants pour détecter des anomalies.

Orange Bank a déployé dès son lancement un agent virtuel 24h/24 (chatbot*) grâce à Watson, l’outil d’intelligence artificielle de IBM[5]. Baptisé Djingo, le conseiller virtuel réalise en moyenne près de 24.000 conversations par semaine.

 [L’ infographie[4] du cabinet McKinsey illustre habilement secteur par secteur les métiers qui seront les plus impactés par les nouvelles technologies]. 

Idée reçue N°2 : L’IA va supprimer de nombreux emplois

 Si des machines réalisent de plus en plus de tâches, faut-il craindre la perte d’emplois ? C’est en tout cas, la crainte de l’opinion publique. L’inventeur du Web Tim Berners-Lee lui-même avoue ses peurs face à l’arrivée de l’intelligence artificielle dans notre vie professionnelle[6]: « Un véhicule autonome va prendre mon travail, un tracteur très intelligent qui ne nécessite pas de conducteur va prendre mon travail, l’usine va être automatisée au point que très peu de gens sont nécessaires pour la faire marcher, et ce ne sera pas moi. Les journalistes arrêteront peut-être d’écrire, et feront du fact checking. Les IA écriront pour eux ».

Faut-il pour autant s’inquiéter ? Si nous prenons à nouveau appui sur les études du cabinet McKinsey, seulement 5% des actions humaines peuvent être automatisées à 100%. L’arrivée de l’IA entrainera la disparition de certains métiers mais ne détruira pas l’emploi.

De nombreux métiers seront par ailleurs transformés. Dans le secteur de la santé, l’IA permettra d’interpréter de façon fiable l’imagerie médicale. Cette tâche pourra donc être automatisée. En revanche, une machine ne remplacera pas le médecin qui continuera de poser le diagnostic, analyser les conditions du patient et l’orienter vers le traitement le plus adapté.

L’automatisation concernera, dans la plupart des cas, une partie des tâches de l’employé qui se verra alors attribuer de nouvelles tâches à plus forte valeur ajoutée. Il faut aussi prendre en considération que 85% des métiers de 2030 n’existent pas encore et que les progrès technologiques créeront de nouveaux emplois.

Idée reçue N°3 : L’IA va bouleverser l’organisation du travail

Elle va bousculer bien plus que le travail. Il va falloir apprendre à considérer l’automatisation comme une opportunité et non comme un risque. Parmi les opportunités, on peut noter celle de voir émerger plus d’emplois qualifiés car les tâches rébarbatives seront automatisées. Ou encore, la possibilité d’apparition de nouveaux métiers encore inconnus et inimaginables dans notre monde actuel.

Mais que fait l’école aujourd’hui face à cette problématique ? Comment répondre aux besoins de demain alors que l’on forme les générations de la même manière depuis un siècle en mettant les enfants sur des bancs d’une salle de classe ?

L’accompagnement au changement, la formation des employés et des jeunes générations aux nouvelles démarches méthodologiques et aux métiers de demain seront des facteurs clés de succès pour intégrer l’IA dans nos vies. Les enfants actuellement scolarisés exerceront des métiers encore inconnus aujourd’hui. Tout l’enjeu réside dans la formation qui devra répondre aux nouveaux besoins de l’économie. Et ce, en prenant en compte que nous ne sommes pas tous des férus de technologie et que des accompagnements et des outils adaptés sont nécessaires.

Par son rôle de financeur et d’organisateur de la formation des générations à venir, l’Etat a un rôle crucial à jouer pour favoriser les parcours d’apprentissage des nouvelles technologies.

De leurs côtés, les entreprises se doivent d’accompagner cette transformation en prenant en considération toute la chaîne de valeur. Cette mutation de l’expérience employé demande donc un grand renfort de communication et de sensibilisation pour que le changement se fasse en douceur afin de pallier aux craintes des salariés en place.

L’intelligence artificielle est en train de prouver sa légitimité à remplacer l’homme pour les tâches rébarbatives du quotidien des entreprises, sans pour autant complètement se substituer à lui. En effet, l’humain ne pourra jamais être remplacé par des automates et restera la base du succès de l’entreprise grâce à sa capacité à s’engager, à s’impliquer et à transcender sa fiche de poste, tout en s’adaptant aux individualités pour mieux travailler collectivement.

Et vous, êtes-vous prêt à devenir un collaborateur augmenté ?

*Le Chatbot est un logiciel programmé pour simuler une conversation en langage naturel.

 

[1]https://www.accretio.io/blog-fr/quels-seront-les-metiers-du-futur/

[2]http://www3.weforum.org/docs/WEF_Future_of_Jobs_2018.pdf

[3]https://journal.la-colloc.co/transport-arrivee-des-vehicules-autonomes-vers-la-fin-de-la-voiture-individuelle/

[4]https://fr.rs-online.com/web/generalDisplay.html?id=i/l-impact-de-l-intelligence-artificielle-sur-l-emploi

[5]https://www.ibm.com/watson

[6]https://www.zdnet.fr/actualites/tim-berners-lee-l-ia-pourrait-amener-au-revenu-universel-de-base-39852288.htm

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