Marine Douguet de la Course au Large à la ferme maraîchère, il n’y a qu’un pas

Quand on rencontre pour la première fois Marine Douguet, on a l’impression qu’elle vit dans sa ferme depuis toujours tellement son visage rayonne, elle parle de son projet agricole avec tellement d’entrain… Rendez-vous en terres bigoudènes. Portrait.

Paris, Paris, Paris…

Ah, magnifique chanson de Joséphine Baker mais pas si magnifique pour la jeune Marine qui ne rêvait que d’évasion.

Une jeunesse parisienne, un bac S Math en poche – et oui, elle voulait devenir vétérinaire pour chevaux mais détestait les maths, une prépa en Khâgne, des études supérieures en philosophie où elle n’arrive pas à s’épanouir pleinement, où voulait-elle aller ? Avec un emploi du temps de fac vide, elle passe sa vie dans les salles obscures des cinémas, principalement celui de Beaubourg, et dévore ainsi la culture !

En parallèle, elle trouve l’opportunité de décrocher un stage chez Voile Mag où elle devient vite indispensable, à force de faire du tri et du classement dans les archives de la rédaction. Une opportunité de s’évader, s’extirper de son quotidien. Et, en 2001, elle part à l’île de Ré avec le magazine pour un sujet et tombe nez à nez avec des petits bateaux : les Minis.

Sans le savoir, se dessinaient les prémices de son futur – presque proche – une traversée de l’atlantique en solitaire ! 4 ans après, elle embarque pour la mini transat.

Pour assouvir son rêve, elle décide, en plus de son stage chez Voile Mag, de prendre des jobs le soir et ainsi de mettre de l’argent de côté pour acheter son bateau – elle a à l’époque 20/21 ans.

Les années mini

Marine habite toujours un petit studio en coloc à Paris et achète donc un bateau neuf chez Structures, le pogo2.

Les week-ends, grâce à ses sujets pour Voile Mag, elle peut naviguer sur différents supports, ce qui lui permet de prendre de l’assurance et de concrétiser son projet de mini transat.

Christian Bourroullec, directeur du chantier naval Structures, se souvient encore de cette jeune journaliste de voiles Mag qui s’aventure dans le grand bain de la classe mini ne sachant manier ni une scie sauteuse, ni l’élec’, ni la structure pour finir son bateau. Une belle épopée qui lui forgera un sacré mental et une appétence à tester de nouvelles choses.

En 2003, Marine met à l’eau son Pogo 2, fière du travail accompli, des nombreuses heures passées au chantier à décortiquer son bateau. En 2005, elle est la 1ère femme au classement de la Mini Transat. Qui l’eut cru !

La Colloc & moi…

La course au large continue, même au cœur de la Colloc où elle prend ses quartiers avec son mari dès son ouverture en Septembre 2016.  À cette époque, elle « drivait » le projet voile de son mari Corentin Douguet. En parallèle, elle collabore en écriture, avec des Collocs, sur des sujets environnementaux. Ah, on adore quand les Collocs travaillent ensemble. En soit, ce lieu est fait pour cela !

C’est également à cette même période, que germe en elle, ce projet de ferme. Entouré du réseau de la Colloc , les premières bribes de son projet voient le jour. Vivre cloisonnée au bout du pays bigouden alors qu’elle est entourée au quotidien des Collocs. C’est tout le paradoxe de son projet de vie mais c’est aussi à cette époque qu’elle comprend comment faire d’un seul lieu, quelque chose de pluridisciplinaire, que des espaces bien pensés et un réseau maîtrisé peuvent changer le monde du travail.

La période Covid a été un accélérateur du projet de ferme. Visite de plusieurs propriétés avant de tomber sur la bonne au bout du monde…et ça y est, Marine se lance enfin dans le grand bain maraîcher. Bye Bye Lorient, Bye Bye La Colloc, Bonjour Tréguennec !

En soit quel est le lien direct entre la Colloc et sa ferme ? La création d’un écosystème – qu’il soit local, végétal, animalier ou professionnel – tout est lié. À la Colloc, nos lieux servent plusieurs usages – sans transformation. Ne serait-ce pas un cercle vertueux parfait ? Un lieu – un usage – une solution…

Une ferme bigoudène

Pas de voisins à la ronde, 5 000 mètres carrés exploitables où elle cultive des petites quantités de légumes et fruits – un joyeux bazar organisé fascinant à regarder ! Les petits pois s’entremêlent aux fraises qui elles-mêmes tapent la « causette » aux laitues. Ne vous attendez pas à des sillons bien dessinés, ici l’écosystème végétal est en pleine action. Avec une terre, pas aussi fertile qu’en Bourgogne, elle y cultive des légumes aux saveurs surprenantes – car oui, en pays bigouden, la terre ressemble plus au sable, où se côtoient coquillages et vers de terre. Ici, pas de pesticides, la nature est reine – reine d’un territoire qui vit à son rythme, non perturbé par des pesticides ou autres pattes humaines destructrices.

À l’heure actuelle, Marine a trouvé le bon équilibre entre sa ferme et le gîte. L’un compense l’autre financièrement. Qui aurait cru que cette parisienne qui n’aimait pas Paris, se serait retrouvée en « bigoudénie », à quelques encablures de la mer, entourée de ses poules.

Sa prochaine étape de développement ? Être autonome sur les cultures céréalières pour nourrir ses poules et autres animaux qui jouxtent la ferme et de la pâture fraîche au quotidien pour les poules. Les poneys tondent et les poules nettoient les terrains. La nature est magique ! Cette autonomie lui permettrait de pousser sa ferme à un autre niveau et d’atteindre un cercle vertueux rapidement.

Pour le folklore, des canards coureurs indiens pourraient passer la porte de la ferme d’ici peu, car ces canards vident le potager en limaces. Marine veut travailler en économie circulaire, c’est-à-dire que chaque animal ait plusieurs utilités à l’instar des poules.

Faire éclore une ferme pédagogique au sein de ses parcelles est l’envie première de Marine. Entre son hangar agriculturel & ses plantations, l’accueil des familles ou des scolaires sera tout à fait envisageable dans un avenir proche – tout comme l’implantation de petites éoliennes et panneaux solaires pour produire une électricité verte pour la ferme et le gîte. Quant aux récupérateurs d’eau, ils devraient être connectés prochainement. D’ici peu, la ferme devrait être autonome en tout point et ainsi devenir une ferme modèle et propre.

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