Libérons l’entreprise!

L’ère de l’information et des nouvelles technologies nous pousse vers un changement profond d’organisation.  Internet bouleverse notre manière d’interagir avec notre environnement, en nous affranchissant des contraintes d’espace-temps. Nos façons d’échanger et de partager l’information sont ainsi modifiées et invitent les entreprises à se réinventer, pour mieux s’adapter. C’est là que le concept d’entreprise libérée entre en scène. Libérée oui, mais de quoi ? Réponse en trois temps.

Valoriser l’engagement des salariés

Une entreprise libérée se définit comme une organisation dans laquelle l’ensemble des collaborateurs avancent dans le même sens, en se sentant responsables du projet collectif auxquels ils adhèrent. Pourquoi cela a-t-il de l’importance ? Cette nouvelle préoccupation vient d’un constat :  les organisations (tous secteurs confondus) constatent que leur système traditionnel est à bout de souffle et observent un désengagement de leurs salariés. En 2012, une société américaine de conseil en management, GALLUP, mène plusieurs études sur le thème de l’engagement des salariés et démontre qu’en moyenne, le taux de salariés engagés est de 13% dans le monde, dont 30% aux USA, 14% en Europe et seulement 9% en France.

Déresponsabilisation et découragement provoquent chez les employés un manque d’implication dans leurs missions et, à terme, des répercussions négatives sur les performances de l’entreprise. La corrélation entre bien-être au travail et efficacité est d’ailleurs largement démontrée depuis quelques années (cf l’article de Coconut paru en mai dernier sur le métier d’Happiness Officer).

Le concept d’entreprise libérée participe à cette réflexion générale.

Déconstruire la hiérarchie pyramidale

Bien qu’il n’existe pas de modèle « type » d’entreprise libérée, ni de mode opératoire à appliquer, on retrouve toutefois une trame commune. Tout d’abord, l’entreprise libérée considère qu’une structure nécessite des mécanismes d’organisation, mais pas nécessairement de hiérarchie. Pour de nombreuses entreprises, réinventer l’organisation passe donc par la destruction du fonctionnement hiérarchique et du processus de décision pyramidal.

Les choix concernent l’ensemble de l’entreprise. Chaque décision – politique de primes, nouveau lieu de travail, et même stratégie – est discutée collectivement par les salariés. Les entreprises libérées valorisent l’humain et misent sur la plénitude des salariés et le développement par l’intelligence collective.

Repenser les rôles de chacun

Le rôle de dirigeant doit être également réévalué. S’il reste présent, le leader a désormais pour mission de diffuser à l’ensemble des collaborateurs la vision de l’entreprise. L’ancien donneur d’ordres devient facilitateur, ou médiateur, en se mettant au service de ceux qui apportent de la valeur à la société. C’est lui qui fait circuler les informations.

Les salariés, quant à eux, deviennent polyvalents et suivent des missions en constante évolution. Une manière efficace d’éviter la lassitude et de favoriser la transversalité des savoirs. Les collaborateurs se forment ainsi sur différents sujets et se fixent leurs propres objectifs, leurs horaires, leurs congés, et même leur salaire.

Des résultats à nuancer

En ayant revu et repensé leur organisation, de nombreuses entreprises remarquent une hausse générale de la performance économique, une diminution des coûts, ainsi qu’une baisse de rotation des employés et une augmentation du présentéisme. Enfin, et surtout, les salariés se déclarent plus confiants, plus épanouis, moins stressés et se montrent prompts à l’innovation. Ils sont désormais reconnus comme créateurs de valeur et non plus simples exécutants. Des constats qui laissent penser que les entreprises libérées seraient lucratives et pérennes.

Sur le papier, tout semble donc parfait. On se demande alors pourquoi les entreprises classiques ne se mettent pas en mouvement pour entamer leur transition vers ce changement de vision du monde professionnel ? Selon François Gueuze, consultant expert en ressources humaines, rallier l’ensemble des salariés à un même projet reste de l’ordre de l’utopie (cf son article paru dans RH). Il craint par exemple que la redistribution des responsabilités et la destruction du système décisionnel pyramidal poussent l’entreprise vers un fonctionnement anarchique.  De même, selon lui, casser les codes de notre conception classique de l’entreprise, façonnée par des siècles d’organisation religieuse et militaire de la société, n’est pas si simple et demande du temps pour engager un processus de changement progressif. L’histoire de l’entreprise libérée est en cours d’écriture et sa réactivité face à des situations de crises doit être consolidée.

Le concept d’entreprise libérée reste encore à l’étude, et certains s’y lancent avec plus d’entrain que d’autres. Ce qui est certain, c’est qu’un besoin d’évolution se ressent dans nos modes de vie professionnels et qu’il doit aboutir à une réflexion générale sur le rôle du travail dans notre épanouissement personnel.

Pour aller plus loin:

Le sujet vous intéresse ? Ça tombe bien, nous organisons une table ronde sur le sujet.
Rendez – vous le mardi 16 Octobre à 12h30 à la Colloc. Deux entreprises viendront témoigner et échanger avec vous :

  • Edwige Jalais de l’entreprise Icônes, son entreprise responsabilisante
  • Xavier Médard de l’entreprise Sens & Co dont l’ambition est de rendre les entreprises autonomes dans la transformation de leur organisation.

>>Inscription ici

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Ndr : Cet article a été inspiré par le mémoire de fin d’étude d’Alexandre Costes, membre de la Colloc : «  L’entreprise libérée : Mettre l’Homme au centre de la réussite économique par une approche holistique de l’organisation ». Un grand merci à lui pour ce partage. Si vous souhaitez découvrir l’intégralité de son étude, elle est à consulter à La Colloc.

 

 

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