Déconnexion estivale

[Opinion] La prééminence du digital sur nos façons de travailler impose de se protéger de ses excès. Et si la période estivale devenait pour moi, pour nous, l’occasion de nous déconnecter vraiment, pendant une longue durée, pour mieux nous reconnecter à la vie ? La vraie.  

Vous avez peut-être entendu parler de la nouvelle loi sur le « Droit à la déconnexion » votée en 2016 ? Ce texte, adopté pour lutter contre les risques de burn-out, assure aux salariés le droit de ne pas se connecter aux outils numériques et de ne pas être contactés par leur employeur en dehors de leur temps de travail (congés payés, jours de RTT, week-end, soirées…). Ce droit à la déconnexion concerne tous les salariés, et notamment ceux qui ont opté pour le télétravail ou qui bénéficient du statut cadre.

Pourquoi se déconnecter ?

D’abord parce que ces écrans ne sont pas sans danger pour nous. Les études se multiplient montrant les conséquences désastreuses sur le cerveau, la concentration, l’audition, le mal de dos, le sommeil, la santé mentale, notamment chez les adolescents, et le développement des tous petits.

Outre ces risques médicaux, la place qu’internet a pris dans notre organisation du travail en entreprise, mais aussi dans nos relations sociales et nos engagements, m’effraie. J’ai parfois l’impression que ma vie virtuelle prend le dessus sur ma vie réelle. J’ai, par exemple, l’habitude de consulter quotidiennement mon compte Instagram. Chaque jour, je regarde les photos de déco ou de vacances de mes amis.

J’apprécie de voir leur quotidien, cela me donne l’illusion d’en faire partie. Pourtant je ne prends pas forcément le temps de les appeler pour savoir comment ils vont réellement. Je reste en surface. Et une surface altérée. Je le sais bien, puisque moi-même, je sélectionne soigneusement les photos que je poste sur Instagram. Je publie des photos de ma fille lorsqu’elle fête son anniversaire et sourit gaiement, pas lorsqu’elle déclenche une varicelle. Il m’arrive de me demander pourquoi j’éprouve le besoin de montrer cela. Comme je ne sais pas vraiment, je poste de moins en moins. Parfois, j’ai envie de fermer mon compte, mais la peur d’être entièrement coupée de ce monde virtuel m’en empêche.

Cette addiction m’inquiète par-dessus-tout. Qu’arriverait-il si demain, nous étions totalement privés d’appareils connectés ? Le château de cartes pourrait s’écrouler. Pour toutes ces raisons, je me dis qu’il faudrait peut-être songer à lutter contre cette dépendance. Ça vous parle ?

Mes premiers pas vers la déconnexion

J’envisage la déconnexion comme partielle et non totale. J’ai conscience qu’il est difficile, actuellement, d’abandonner totalement les écrans. Socialement ou professionnellement, se déconnecter de manière définitive peut nous placer en marge de la société et ce n’est pas le but. Au contraire, l’idée est de se recentrer sur la communauté réelle et non virtuelle.

A la maison, nous avons déjà mis en place quelques règles. Nous n’avons pas de télévision et nous regardons des films uniquement sur ordinateur, après le coucher des enfants. Nous essayons de bannir les téléphones de la chambre à coucher (cette règle n’est pas toujours respectée) et nous n’utilisons l’Ipad que pour écouter de la musique.

En vacances, nous poussons l’expérience plus loin. Le téléphone ne nous sert plus que pour regarder l’heure ou pour passer un coup de fil. Ciao Insta, ciao WhatsApp. On verra les notifications plus tard.

Et ça fait un bien fou. Au réveil, ma première attention est pour ma famille, avec qui je discute en petit-déjeunant. Je ne consulte pas mes mails de la journée, je n’ai aucun Ipad ou ordinateur à proximité. Avoir le temps de faire vraiment les choses, sans être polluée, est pour moi un vrai luxe. Je me laisse aller au rythme de ma maison et je me recentre sur l’essentiel.

Vous avez envie d’en savoir plus? Voici l’article qui a inspiré mes actions. Dix conseils super utiles.

Ps : Cet article est dédié tout particulièrement à mon amie et associée, Sabrina Millien, pour qui la déconnexion est impensable et qui, je l’espère, verra ce texte comme une invitation à découvrir le monde parallèle de la vie sans internet.

Quand la déconnexion sauve du suicide

Dans ce témoignage, paru en 2013 dans le Huffington Post, Tony Schwartz, président du Energy Project (une compagnie centrée sur la performance en entreprise), raconte comment il est sorti de son mal-être quotidien en se déconnectant. Sortir de la sphère digitale lui a permis de se reconcentrer, de progresser personnellement et professionnellement, et de retrouver un équilibre de vie. Très instructif.