De l’art d’avoir toujours raison
(même quand c’est franchement malvenu)

Retour sur le concours d’éloquence du 5 avril dernier, dont les candidats ont révélé, avec enthousiasme et brio, plusieurs vérités très bonnes à dire et plutôt drôles à écouter.

Ce soir-là, sur l’estrade de La Colloc, le temps est à la prise de position aussi radicale qu’insolente. Pourvu qu’elle soit belle et bien tournée.

Seule en scène, Morgane attaque d’emblée en nous assénant que l’argent fait bien la richesse. Au diable le politiquement correct, les pépettes, c’est chouette. Caroline surenchérit en confirmant qu’il n’en faut pas peu pour être heureux. Peu de quoi ? De dollars (pour pouvoir s’envoler pour Bali et non pour Aurillac), mais aussi de tout le reste. On vit avec intensité ou on ne vit pas. Cette histoire d’intensité, ça nous rappelle les boobs energy hugs d’Anne, aussi dérangeants qu’hilarants. Point de libération de ce côté, mais une franche barre de rire. Même délire, mais version bestiaire animalier, avec Guillaume qui passe maître dans l’art de noyer la licorne sous des hennissements plus vrais que nature. Et comme personne ici ne craint les grands écarts, on passe de la teuf-tech équine au drame amoureux, version Gainsbourg et Rita Mitsouko, interprété par un David faussement désinvolte. L’amour, c’est plus qu’aimer, ça fait surtout vachement mal. Mais pas de panique, Cédric nous assure qu’il ne peut plus rien nous arriver d’affreux maintenant ; mais ça ne nous garantit rien pour demain. Voilà qui devrait convenir à Thomas qui nous confie que Stephen Hawking, génie devant l’éternel, craint que l’intelligence artificielle ne mette fin à la race humaine. Ça vous fait flipper ? C’est normal. Edouard se demande s’il ne faudrait pas en toucher un mot à Dieu. Après tout, c’est quand même lui qui nous a mis là, enfin en gros, enfin peut-être. Pas simple, cette histoire. De toute façon, selon Julien la simplicité n’est qu’une illusion et même mourir se révèle compliqué. Tiens, ça nous arrange bien. Cela nous évitera de finir comme les dinosaures. Pas vrai Marion ? « L’homme est un être en or qui s’en sort. » Si ça rime, ça doit être vrai. Idem pour le plastique, qui n’est pas fantastique, la preuve, si votre enfant en mange, il tombe malade. Argument-massue aussi imparable que magique, bien joué Gwénolé.

Ce premier concours d’éloquence nous aura donc prouvé que toute vérité est bonne à dire, pourvu qu’elle soit argumentée. Enfin, et surtout, cette joute oratoire aura laissé libre cours à son impertinence, aussi rafraîchissante que salvatrice. Et ce n’est pas Michèle et son Charlie qui nous diront le contraire.

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